- glauque
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• 1503; lat. glaucus, gr. glaukos « vert pâle »1 ♦ D'un vert qui rappelle l'eau de mer. ⇒ verdâtre. Mer glauque. « La mer nous regardait de son œil tendre et glauque » (Apollinaire).2 ♦ Fig. (1983) Qui donne une impression de tristesse et de misère. ⇒ lugubre, sordide. Une atmosphère glauque.♢ Fam. Pénible, sinistre.glauqueadj.d1./d De couleur vert bleuâtre. Yeux glauques.d2./d Sans éclat, terne. Petit matin glauque.⇒GLAUQUE, adj.Qui est d'un vert blanchâtre ou bleuâtre comme l'eau de mer. M. de Chateaubriand (...) avait le nez aquilin, les lèvres minces et pâles, les yeux enfoncés, petits et pers ou glauques, comme ceux des lions ou des anciens barbares (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 26). Une robe de vert glauque, de cette nuance que les blondes les plus sûres de leur teint peuvent seules affronter (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 263). Parfois, il plongeait. Alors d'étranges paysages se révélaient pendant quelques secondes, dans la lumière glauque tombée de la surface (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 170) :• ... mais l'air, trop chargé de vapeur pour être parfaitement limpide, étale sur les verts sombres des forêts et les verts glauques des savanes, un glacis de nacre azurée.GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 794.— Emploi subst. Quand on était dans la maison, la lumière était (...) immobile et stagnante, d'un glauque aussi glacial et morne que celui d'un abîme marin (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 117).— Au fig., péj. Qui manque de netteté, de précision. Une légèreté de cervelle dont les pensées s'éclaircissaient et, d'opaques et glauques, devenaient fluides et irisées (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 148).REM. 1. Glauquement, adv., péj. D'une façon glauque (supra au fig.). Le regard du fuyard est vague, trouble, glauquement diffus; il ne se fixe sur rien, il ne s'arrête sur rien (GONCOURT, Journal, 1870, p. 610). 2. Se glauquer, verbe pronom. Prendre une couleur glauque. L'atmosphère se glauque avec des teintes d'aquarium (P. ADAM, Thé chez Miranda ds PLOWERT 1888).Prononc. et Orth. : [glo:k]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 2e moitié XIIIe s. color noire ou glauke (Introd. d'Astron. B.N. 1353, fol. 35d ds GDF. Compl.). Empr. au lat. glaucus « glauque, verdâtre »; cf. a. fr.-prov. glauc (1er tiers XIIe s. ds GDF. Compl.), également emprunté. Fréq. abs. littér. : 175. Bbg. MAT. Louis-Philippe 1951, p. 206.glauque [glok] adj.ÉTYM. 1503; glauke, après 1250; lat. glaucus, du grec glaukos « vert pâle ou gris ».❖1 D'un vert qui rappelle l'eau de mer. ⇒ Verdâtre. || Couleur glauque. ⇒ Glaucité. || Mer glauque. || Un vert glauque d'eau trouble (→ Fenêtre, cit. 6). || Feuillage glauque d'un peuplier (→ Colombe, cit. 3). || Yeux glauques.1 Ses yeux, où le ciel se reflète,Mêlent à leur azur amer,Qu'étoile une humide paillette,Les teintes glauques de la mer.Th. Gautier, Émaux et Camées, Cærulei oculi.2 Cette mer, toujours un peu verdâtre, agitée, houleuse, semblait plus glauque par le contraste de toutes ces blancheurs sur lesquelles déferlaient les vagues en silence.Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, II, XII.3 (…) l'amère senteur des glauques goémons.Hugo, les Contemplations, V, XXIV.♦ N. m. || Le glauque de l'eau.➪ tableau Désignations de couleurs.2 a (Qualifiant une réalité d'ordre visuel : lumière, image, etc.). Pâle et terne, sans éclat. || Petit jour glauque. ⇒ Blafard, livide.4 Plus aucune lueur d'intelligence dans ces prunelles assombries, écarquillées sur la gelée glauque et amorphe d'un regard déjà défait.Herbert Le Porrier, le Luthier de Crémone, p. 87.b Par ext., fam. Qui donne une impression de misère et de tristesse; qui inspire un sentiment de mélancolie quelque peu angoissée. ⇒ Lugubre, sinistre, sordide. || Ce départ au petit matin sous la pluie, c'était vraiment glauque. || « Ambiance “Le jour se lève”, glauque et grise, arrière-plans de pauvreté et de banlieues, personnages qui se glissent, la nuit, pour échapper à leur désespoir » (l'Express, no 1696, 6 janv. 1984, p. 149). || « une sorte d'hyperréalisme qui donne de certains lieux de Paris une image glauque, fantasmée, tout en se fondant sur une observation maniaque du réel » (le Nouvel Obs., no 997, 16 déc. 1983, p. 16).❖DÉR. Glauquement.
Encyclopédie Universelle. 2012.